Développée par GRDF, la canalisation en PE certifié biosourcé qui vient d’être posée dans le cadre d’un chantier sur le réseau gaz de Clermont Auvergne Métropole, est une première. Grâce à ce nouveau matériau, les réseaux en PE progressent sur la voie de la décarbonation. Zoom sur l’innovation.
En accueillant cette première mondiale, Clermont Auvergne Métropole confirme ses ambitions en matière de réduction de son empreinte carbone et d’accélération de la transition écologique. Au total, ce sont 1 000 m de canalisations en PE certifié biosourcé qui vont être posés dans le cadre de trois chantiers réalisés sur le réseau gaz de Clermont Auvergne Métropole. Les 200 premiers mètres posés (diamètre 6,3 cm) concernent le chantier d’extension de la station d’épuration des Trois Rivières qui gère l’assainissement de l’ensemble de l’agglomération clermontoise et qui reliera le futur méthaniseur en construction au réseau gaz de la métropole.
Le projet BIOtoPE
L’innovation, portée GRDF dans le cadre du projet BIOtoPE, est le fruit d’une volonté d’aller plus loin dans la décarbonation de son activité. Dans cette dynamique de développement de gaz vert, il manquait à GRDF l’outil de distribution, un réseau composé d’un matériau lui aussi plus vert. Le distributeur de gaz s’est tout d’abord penché sur les possibilités de produire de l’éthylène biosourcé à partir de betteraves sucrières. Mais l’émergence d’une filière de conversion de déchets de l’industrie papetière présentait des avantages de sobriété étant donné que les usines existaient déjà. C’est en échangeant avec les partenaires sur les options possibles de production de PE bas carbone que GRDF a choisi cette voie fin 2021. Dès 2022, des échanges avec des industriels de pétrochimie et de production de canalisations ont commencé afin d’identifier les filières possibles de production de PE certifié biosourcé en Europe. En juillet 2023, 24 tonnes de PE certifié biosourcé ont été achetées à Elydan, dont les premiers mètres viennent d’être posés à Clermont-Ferrand. L’objectif étant dans un premier temps de réaliser une dizaine de chantiers de ce type d’ici à la fin 2023 répartis sur toute la France. GRDF étudiera notamment les raccordements de sites biométhane.
Même caractéristiques techniques
Les caractéristiques de la canalisation en PE certifié biosourcé sont les mêmes que celles d’une canalisation PE classique. La matière première initiale est issue de résidus de la transformation de bois provenant de forêts du nord de l’Union Européenne et certifiées FSC ou PEFC. Ces déchets végétaux sont transformés en bio-naphta puis en bio-éthylène. Celui-ci suit ensuite les voies de transformations existantes. « Il s’agit de la même matière et des mêmes processus qui permettent d’assurer la même qualité de canalisation », confirme-t-on chez GRDF. Dans ce processus, l’éthylène est transformé en polyéthylène en Belgique, certifié biosourcé en bilan de masse, puis injecté dans la chaîne de fabrication des canalisations du fabricant isérois de tubes en PE et PP, Elydan.
Une filière à développer
Pionnier dans la conception et la pose de ces canalisations, GRDF espère bien convaincre en France et au-delà, des gains écologiques du matériau. Le distributeur mène par ailleurs d’autres projets de recherche et de développement sur les procédés de fabrication des tubes. La voie de l’acier bas-carbone ou d’autres matériaux pourront également contribuer à la décarbonation de la fabrication des réseaux de distribution. Sachant qu’en France, les normes entre canalisations eau et gaz sont extrêmement proches, la démarche du certifié biosourcé est duplicable pour toutes les canalisations en PE, notamment pour l’eau potable. « Les exploitants de réseaux d’eau pourront choisir d’entrer dans cette démarche et ils pourront travailler avec le ou les producteurs de canalisations qu’ils jugeront les plus pertinents », ajoute encore GRDF.
Une fabrication décarbonée. Ce nouveau process de production présente des avantages écologiques intéressants car il permet de capter, en amont, du CO2 provenant – via les arbres – de l’atmosphère. La fabrication de polyéthylène par voie biosourcée permet donc de diminuer significativement les émissions de gaz à effet de serre (entre 2 et 3 tonnes de CO2eq. par tonne de PE certifié biosourcé). Le polyéthylène biosourcé (bio-PE) apparaît même plus performant que le bois, puisque le carbone y est plus concentré : une tonne de PE biosourcé pourrait stocker 3 t de CO2eq., soit 3 fois plus de carbone qu’une tonne de bois, selon des données ADEME.La certification biosourcée prouve que la canalisation est fabriquée avec du naphta d’origine végétale, et participe à la décarbonation du réseau. Cette voie biosourcée est d’autant plus intéressante que le PE recyclé, n’est pas autorisé par les normes européennes et françaises pour le transport du gaz ou de l’eau.