« Avec le changement climatique, l’équilibre du cycle de l’eau douce est en danger en PACA ! alerte Yves Bourdais délégué régional PACA Corse des Canalisateurs du Sud-Est, en préambule de la rencontre organisée au Castelet lors de la dernière Journée Mondiale de l’eau. L’objectif de cette réunion, comme toutes les autres réunions des Canalisateurs, renforcer le lien entre entreprises, collectivités et syndicats des eaux du territoire.
L’eau est une évidence mais depuis plusieurs années elle est chamboulée. Dans ce contexte de raréfaction de l’eau et de changement climatique, l’équilibre « pompage, stockage et partage entre agriculture, industrie, énergie, tourisme, consommation des ménages et milieux naturels aquatiques… » est très fragile et la gestion durable de l’eau est devenue un enjeu d’aménagement du territoire fort pour les départements du Var et alentours.
Agir maintenant
« Il s’agit d’une transformation écologique et non plus d’une transition écologique ! » s’est également alarmée Marie Borni, directrice générale déléguée du groupe Société Eau de Marseille Métropole devant l’assistance. « Et quand c’est vertigineux, je crois en la force du collectif. Chaque partie prenante joue son rôle, conjuguant politique forte, partenaires privés, éducation et sensibilisation. La force du collectif a un vrai impact ! » Or les interactions sont encore à mieux définir et il y a des besoins de dialogue importants pour une gestion intégrée de l’eau, s’accordent à dire les intervenants de la table-ronde. Il faut continuer à décloisonner et partager les connaissances !
L’eau sujet sensible
Avec un taux de rendement de 40% en 2014 passé à 70 % en 2022, la Régie de l’eau et de l’assainissement Durance Luberon Verdon Agglomération a fait le choix d’investir massivement sur cette période de 8 ans dans le renouvellement des réseaux, financé par une augmentation du prix de l’eau. « Cela a été très difficile, car l’eau est un sujet très sensible et le prix de l’eau est un affect ! » souligne son adjoint au directeur Mathieu Pousseo mais « étant donné que l’eau paie l’eau, et comme il y a moins de consommation au robinet, les recettes diminuent ! » Le taux de renouvellement des réseaux d’eau potable y est de 0,5 % contre 1,13 % pour les zones fortement urbanisées (0,67% au niveau national).
Par ailleurs, il faut également faire face à de nouvelles sollicitations qui apparaissent. Les agriculteurs notamment qui avant n’arrosaient pas et désormais, ont besoin d’eau. Ils doivent passer le cap et investir sur des outils raisonnés tels que des « goutte à goutte » soutenus par les dispositifs de la Chambre régionale des Métiers et de l’Artisanat PACA. En période estivale, l’agriculture représente 70% de la consommation d’eau ! Plusieurs exploitations ont par ailleurs lancé la culture de céréales africaines qui ont moins besoin d’eau.
Trouver de nouvelles sources
« Avec le risque du biseau salé (remontée des eaux marines par les cours d’eau et par les eaux souterraines qui vient contaminer l’eau douce pendant 2 ou 3 ans), le Syndicat de l’Eau du Var Est (130 000 habitants à l’année 300 000 habitants en haute saison) a besoin d’avoir une multiplicité de sources d’eau », souligne sa chargée de projet, Quitterie Blanchard. C’est ainsi que le syndicat a créé un modèle 3D qui réalise des études sur la vulnérabilité permettant de mieux connaitre l’eau affleurant, de trouver des gites d’eau potentiels et d’identifier de nouvelles zones de captage. Cette solution fait partie du Plan de Gestion de la Ressource en Eau – PGRE qui comprend 11 actions adaptées au territoire, financées à 80 % par l’Agence de l’eau RMC. Une usine de méthanisation et un projet de re-use font partie des prochains développements du Syndicat de l’Eau du Var Est.
Etudes sur les interactions entre eaux souterraines et les nappes
« Avec des ressources en eau en équilibre fragile mais pas en déficit, le Syndicat Rhône Ventoux a la volonté forte de travailler sur les équilibres des prélèvements entre eaux souterrains et eaux de surface », précise l’hydrologue Marjolaine Puddu. Ainsi, depuis 2020 le syndicat a besoin de mesures statistiques pour décider des actions à mener. Il vient de construire un modèle mathématique qui permet d’acquérir des données (jauge des rivières, niveau des nappes…), de faire des simulations et de la prospective sur la nappe en piémont du Ventoux par exemple, qui année après année, ne retrouve jamais son niveau initial !
Un projet de re-use avec le canal de Carpentras (55000 m3 par an) est également à l’étude ainsi que le souhait de passer sous pression le système gravitaire pour faire des économies d’eau. Des campagnes de sensibilisation sur le cycle de l’eau notamment auprès des enfants sont également organisées par la région. Une sensibilisation qui passe aussi par la promotion de l‘eau du robinet, qui est la plus écologique.