« Avec le changement climatique, l’équilibre du cycle de l’eau douce est en danger dans notre département ! Les nappes phréatiques sont fragiles, elles accusent une diminution de 20 % en moyenne chaque année », alerte Régis Rique délégué départemental Allier des Canalisateurs Auvergne. Un constat illustré par l’hydrologue Emma Haziza.”
À l’occasion de la dernière Journée Mondiale de l’Eau, les Canalisateurs Auvergne-Rhône-Alpes ont rassemblés à Vichy (03), entrepreneurs, élus locaux, représentants de la maitrise d’œuvre et de la maitrise d’ouvrage. L’événement placé cette année sur le thème « Eau et changement climatique : entre urgence et résilience » a été l’occasion de donner la parole à la célèbre hydrologue Emma Haziza.
« Il y a toujours eu des épisodes climatiques extrêmes dans l’histoire », rappelle en préambule la scientifique. Mais au-delà de la variabilité naturelle, Emma Haziza note des phénomènes nouveaux : « On est maintenant face à des paramètres qui sont de l’impensable, de l’impossible. » Des signes sont apparus à partir de 2014 jusqu’à la « cassure » de 2017 où la sécheresse a duré jusqu’à fin décembre avant de basculer en 2018, sur trois semaines de pluies provoquant une crue de la Seine, pour se prolonger en 2019 par des chaleurs historiques de 42 ºC à Paris et 46ºC dans le Gard puis par des feux de champs en Picardie en 2020 avec des premiers conflits… d’usage de l’eau ! Et 2021, marquée par des dômes de chaleur ayant provoqué épisodes pluvieux et crues dévastatrices en Allemagne et en Belgique ! Pourquoi de telles variations ? « Parce que l’eau est instable. Plus les sécheresses sont intenses, plus l’eau s’accumule dans l’atmosphère alors qu’elle n’est pas capable d’y rester », répond la scientifique.
Or un Européen consomme en moyenne 5 000 litres d’eau par jour (nourriture, hygiène, déplacements, etc.) : les besoins sont colossaux. « Derrière tout ce qu’on achète se cache de l’eau, de l’eau « indirecte ». Et quand l’eau « indirecte » commence à manquer, cela influe sur les prix ». Blé, énergie… tout dépend de l’eau. Car une calorie nécessite un litre d’eau pour être produite !