Lors de leur conférence annuelle, les Canalisateurs du Sud-Est ont fait part de leurs inquiétudes quant au modèle du financement de l’eau en remettant une nouvelle fois sur la table la question du prix de l’eau. Une piste de plus en plus évidente au regard de son prix actuel et des enjeux de l’eau.
Faut-il aller aujourd’hui vers un nouveau modèle de la gestion de l’eau ? La réponse est clairement oui pour les Canalisateurs du Sud-Est, représentés par Michel Réguillon, Président, Stéphane Graupner, délégué régional Rhône-Alpes et Pascal Gras, son homologue en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Face aux nouvelles pratiques d’usage et à la nécessité de continuer le renouvellement du réseau d’eau potable en France, la piste de l’augmentation du prix de l’eau était à l’ordre du jour de la dernière conférence de presse annuelle à Lyon.En tant qu’acteur de la trilogie « préserver la ressource, assurer l’approvisionnement, renouveler les conduites », le syndicat régional espère que ses réflexions actuelles mèneront vers un nouveau modèle de la gestion de l’eau potable.
Qui dit « moins de consommations », dit « moins de recettes »
Entre sobriété des usages, notamment depuis les périodes de sécheresses que nous avons connu et les recettes suffisantes dédiées au renouvellement des réseaux, l’équation est complexe. En effet, 2023 a été marquée par une baisse de la consommation entre 3 et 6 % (enquête flash FNCCR publiée le 29/05/24). Plus élevée que prévu, cette baisse vient déséquilibrer d’autant plus le modèle économique actuel du financement de l’eau, qui dépend en partie de la facturation aux consommateurs.
Le prix de l’eau « essentielle »
Dans ce contexte, tout en s’appuyant sur les 25 propositions rédigées par la FNCCR, Intercommunalités de France et la FP2E, les Canalisateurs du Sud-Est ont ainsi évoqué plusieurs leviers pour garantir la soutenabilité économique des services. Grâce notamment à un prix plus juste de l’eau notamment lorsqu’elle est gratuite ou très faible dans certaines régions, et pour certaines, en s’appuyant sur une évolution vers des tarifs progressifs et non plus dégressifs. Ainsi, peut être envisagé un prix bas en deçà d’un certain seuil correspondant à l’eau « essentielle », et des tarifs plus élevés au-delà, pour un usage de l’eau dite de “confort” reste une piste, tout comme la mise en place de tarifs différenciés selon les usages (particuliers, industrie, agriculture, etc.).
Plus un sujet tabou
« Le prix de l’eau aujourd’hui n’est plus un enjeu électoral, analyse Michel Réguillon. C’est devenu un prix technique et non plus politique, en raison de la loi NOTRe et la montée de la compétence Eau au niveau des intercommunalités. Plusieurs d’entre elles ont déjà augmenté le prix de l’eau de 20 à 30 %, sans que cela ne fasse de vagues… Le prix de l’eau ne doit plus être un tabou. »
Enfin, sur ce volet du financement, les Canalisateurs fondent toujours beaucoup d’espoir sur le 12eprogramme de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, qui devrait flécher davantage de subventions sur le petit cycle de l’eau et les zones rurales et accentuer la solidarité entre bassins, en favorisant les interconnexions.