Construit dans le cadre de l’accueil des Jeux Olympiques de Paris 2024, le futur Centre aquatique du parc des sports de Marville (93) sera à l’image des enjeux de la transition écologique, durable et innovant ! Chauffage urbain et réutilisation des eaux usées pour des objectifs à 2050.
Pour maintenir une eau de baignade à 27° minimum toute l’année, le nouveau centre aquatique de Marville en Seine Saint-Denis (93), soutenu par le Département a opté pour des solutions durables en matière d’énergie et de réutilisation de ses eaux usées. Le projet, qui accueillera les entrainements de water-polo pour les JO de Paris en 2024, bénéficie également du soutien de la Région Ile-de-France, car il doit aussi être un exemple en termes de transition écologique.
Un projet au cœur de la transformation du Parc des sports de Marville
Le Centre aquatique s’inscrit dans le cadre du projet global d’aménagement du Parc des sports de Marville de 33 hectares, dont le Département est gestionnaire depuis 2019. « Le futur Centre aquatique de Marville constitue l’un des principaux héritages sportifs des Jeux de 2024 pour la Seine-Saint-Denis », explique Stéphane Troussel, président du Département de la Seine-Saint-Denis. Inscrit dans le « Plan piscines » de 40 millions d’euros voté par le département fin 2015, cet équipement est financé à hauteur de 30,5 millions d’euros (valeur 2016) par la SOLIDEO, grâce notamment aux importantes contributions de la Ville de Paris et du Département de la Seine-Saint-Denis à son budget (12,5 millions d’euros chacun), et avec le soutien également de la Région Île-de-France.
Un engagement “énergétique“
Les moyens sont importants, mais répondre aux enjeux écologiques, c’est aussi du long terme. Ainsi, la solution qui a été retenue comme la plus efficiente en termes d’énergie et la plus décarbonée, et qui permettra de chauffer les milliers de m3 d’eau, a été de « profiter » de la proximité toute relative (1 km) d’un réseau de chaleur urbain existant. « Nous avions regardé la géothermie, la récupération des eaux grises des égouts mais la solution la plus performante et la plus efficiente en termes d’énergie a été le raccordement au réseau de chaleur basse température de la ville de La Courneuve. Un réseau existant mais situé à quasiment 1 km, et dont il a fallu revoir le dimensionnement pour assurer une température de l’eau nettement plus élevée. L’air lui est chauffé grâce à des centrales de traitement de l’air », explique Coline Hennebelle, chargée d’opérations grands projets au sein du Département, et notamment du Centre aquatique de Marville.
Ajuster les besoins au réseau de chaleur existant
Le réseau de chaleur de La Courneuve présente notamment l’avantage de pouvoir se développer en lien avec l’aménagement urbain, et cela depuis plusieurs années déjà, mais le raccordement nécessite néanmoins quelques ajustements. « En effet, le réseau est conçu pour de la basse température. Pour les bassins à 27°, cela ne posait pas trop de soucis, mais pour le jacuzzi, à 37°C, cela a complexifié le raccordement au réseau. Il a donc fallu prévoir d’injecter l’eau le plus bas possible dans le réseau, de manière à pouvoir conserver une marge plus importante. Pour cela, nous avons bien sûr travaillé avec le gestionnaire public du réseau, le syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique, le Smirec, mais également, avec le bureau d’études fluides, Patrick Tual, spécialisé dans les piscines qui a ainsi apporté toute son expertise », indique Coline Hennebelle.
1 km de réseau de chaleur
Lancés en février dernier, les travaux ont aussi démarré avec la réalisation de l’ouvrage de raccordement entre les unités de production du réseau géothermique situées à La Courneuve et le centre aquatique. Sur une distance de près d’un kilomètre, avec notamment un passage sous la bretelle d’autoroute, les travaux, somme toute assez classiques, engendrent toutefois un coût supplémentaire important, de l’ordre de 300 000 €. Sans compter le coût de la réalisation de l’équipement de la sous-station. « Même si ce raccordement a constitué une part importante du financement, cela vaut le coup ! lance la cheffe de projet. Car les bénéfices énergétiques sont indéniables, en plus d’être une énergie propre, son coût sera plus stable que celui du gaz, particulièrement aujourd’hui. » Les travaux de raccordement sont réalisés par le Smirec qui s’est engagé à terminer le raccordement et le local technique pour septembre 2023. « Ce réseau de chaleur doit également satisfaire à une contrainte importante. Lors de la vidange des nombreux bassins, la remise en eau demandera alors une puissance importante, 800 kVA d’électricité, afin de réchauffer toutes les eaux. Ces opérations ne pourront se dérouler qu’entre le 15 juin et le 15 septembre, période creuse en termes de demande d’énergie. Pour la récupération de chaleur, nous utilisons également l’énergie des eaux grises, ce qui nous permet des économies d’énergie », ajoute la responsable.
Une deuxième vie pour les eaux usées
En ce qui concerne la récupération des eaux usées (bassins, douches) celles-ci sont réutilisées pour le nettoyage des filtres, ce qui reste classique, mais également, pour un usage plus « innovant », comme les chasses d’eau des toilettes, le nettoyage des surfaces extérieures et des locaux techniques, ou les trottoirs… « Ces eaux sont bien sûr filtrées avant d’être réutilisées mais cela nous permet une économie d’eau non négligeable », souligne encore la responsable du suivi du projet. Ainsi, entre 20 et 40 % des eaux de renouvellement sont potentiellement réutilisables en fonction des besoins. « En résumé, la construction du centre aquatique s’articulera autour de 3 ambitions majeures : un budget carbone maîtrisé pour anticiper la trajectoire vers la neutralité carbone 2050 ; une qualité de vie garantie avec le climat de 2050 ; et la préservation de la biodiversité comprenant notamment la gestion des eaux », conclut Coline Hennebelle.