Le programme d’intervention 2019-2024 * mené par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse se poursuit. Grâce à une aide financière et technique ciblée sur les territoires urbains, 40 % du portefeuille global est aujourd’hui dédié aux projets visant à optimiser la gestion des eaux pluviales, soit 247 M€, ainsi que la préservation de la biodiversité et la renaturation des rivières (461 M€). Focus sur les projets lancés par ces villes pionnières.
Coexister avec la nature en ville. Voici aujourd’hui l’une des urgences imposées par le changement climatique. Certaines collectivités ont déjà fait ce choix en adaptant leur stratégie d’urbanisation, accompagnées techniquement et financièrement par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
Mandelieu la Napoule : « Réorganiser la cité et réécrire tous nos principes d’urbanisation »
Comme de nombreuses villes, Mandelieu la Napoule, dans les Alpes-Maritimes a connu une forte urbanisation dans les années 50-90, avec de nombreux impacts sur l’artificialisation des sols, les inondations, incendies ou submersions. Traversée par deux cours d’eau impétueux et reconnue « Territoire engagé pour la Nature » l’an dernier, la commune entend préserver le cadre de vie et réduire les risques d’inondation. Son maire, Sébastien Leroy, souhaite « réorganiser la cité et réécrire tous nos principes d’urbanisation ». Pour cela, la commune a acquis 14 hectares en cœur de ville qui vont être transformés en zone d’expansion de crue pour protéger les habitants de l’aggravation des inondations. Le programme baptisé « la canopée urbaine » représente près de 100 millions d’euros sur la période 2020-2026 et inclut : l’élargissement du Riou, la construction d’un ouvrage de ralentissement des crues et renaturation des berges afin de sauvegarder la biodiversité.
Besançon : « Nous faisons beaucoup de pédagogie »
Capitale française de la biodiversité en 2018, la ville de Besançon se caractérise par une forte minéralité de son centre-ville. Jusqu’en 2026, la ville va investir 6 millions d’euros pour désimperméabiliser les espaces publics grâce au retrait des enrobés des allées des parcs ou des cours d’école et à leur remplacement par des matériaux drainants. La biodiversité́ et la fonctionnalité des sols sont désormais prises encompte dans tous les nouveaux projets d’urbanisme et d’aménagement.
Des dispositifs de collecte et stockage des eaux pluviales permettant de redistribuer celles-ci en période de sécheresse sont également installés chaque fois que nécessaire. « Nous faisons beaucoup de pédagogie pour expliquer notre politique aux habitants, par exemple sur notre gestion différenciée des espaces verts urbains, nombreux à Besançon et fondamentaux pour le vivant en ville », explique Fabienne Brauchli, élue chargée de la transition écologique à la Ville de Besançon.
Grenoble : « Remettre l’eau dans la ville »
Couronnée Capitale verte européenne 2022, Grenoble, une ville résiliente face au changement climatique a les mêmes ambitions. « Notre promesse est de remettre l’eau dans la ville, indique Anne-Sophie Olmos, vice- présidente de Grenoble Alpes Métropole. Pour des questions de santé, de moral des habitants, de cadre de vie, de qualité de l’air, de refuge pour la biodiversité urbaine, de lutte contre les pollutions, les inondations et la chaleur… nous n’avons plus le choix ! »
« Pas de réussite sans prise de conscience générale »
« Les pratiques qui consistent à collecter toute l’eau dans des tuyaux d’assainissement unitaires génèrent d’importants problèmes de pollution des milieux, assure Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. En ville, la gestion des eaux pluviales est un sujet majeur ! Sans parler de la nécessité de recharger les nappes et de créer des espaces favorables à la biodiversité, qui justifient de créer des noues et autres zones d’infiltration. Mais nous ne réussirons pas sans une prise de conscience des habitants eux-mêmes. Car pour que les politiques publiques soient efficaces, il convient qu’elles soient comprises, portées par les populations, actrices d’un nouveau modèle urbain et enclines à considérer l’eau, sa qualité, sa rareté, ses usages, son écoulement, comme des parties intégrantes de leur quotidien ».
*L’agence de l’eau agit dans le cadre d’un programme d’intervention 2019-2024 qui fixe les grandes priorités d’action pour 6 ans. L’agence dispose d’une capacité d’aide annuelle d’environ 440 M€ et emploie 330 personnes.