Pouvoir connaître avec précision l’état d’une canalisation d’eau potable enterrée en fonctionnement ne sera bientôt plus un vœu pieux. La solution, développée par le français Acwa Robotics, suscite d’ailleurs déjà beaucoup d’intérêt tant elle promet pour l’optimisation de la performance et des renouvellements des réseaux d’eau potable.
Les premiers pilotes de la solution d’inspection robotisée développée par Acwa Robotics sont en phase de déploiement avec plusieurs services de l’eau français et attendues par beaucoup d’autres. La startup s’est fixé l’objectif d’installer son outil de production dans les prochains mois et de commercialiser la machine dans la foulée, et cela, depuis Aix-en-Provence, sa seconde maison après son site initial sur Bastia.Utilisé pour des interventions sur les canalisations d’adduction et de transport de l’eau potable à partir du diamètre 200 mm, « là où la problématique de fuite et de maintien de l’alimentation est la plus importante, souligne Jean-François Guiderdoni, directeur du développement d’Acwa Robotics. L’objectif étant d’aller jusqu’au diamètre 1000. Au-delà, il faudra sans doute repenser la technologie. »
Un challenge technologique
La particularité ou plutôt l’avantage du robot d’inspection c’est qu’il est utilisé pour des interventions réalisées sans coupure d’eau. C’est là où la solution est particulièrement pertinente et innovante. Pour Acwa Robotics, le challenge est technologique, « nous devions créer une machine capable de résister à une pression jusqu’à 20 bars et des vitesses d’écoulement jusqu’à 2m/s, et sur plusieurs kilomètres, sans perturber la distribution ou un minimum », poursuit le co-fondateur. L’objectif final étant de pouvoir dire précisément, où et quand réparer -ou renouveler-, la canalisation, une problématique essentielle dans l’optimisation des performances des réseaux d’eau. « On estime qu’il y a au moins 20 à 30 % des renouvellements réalisés qui sont non efficients, c’est-à-dire, réalisés sur une canalisation qui n’avait pas besoin d’être renouvelée tout de suite, mais peut-être plus tard. Nous apportons une solution qui sera plus économique, puisqu’elle évitera ce problème et ciblera les besoins de renouvellement en fonction de leur état. L’enjeu, c’est d’agir en amont, alors même que nous avons déjà pris 30 ans de retard en termes de renouvellement/réhabilitation, souligne encore Jean-François Guiderdoni. Donc il faut agir, mais avec efficacité ! »
Un robot autonome
Avec déjà plusieurs prix en poche, notamment lors du dernier salon Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, où la start-up a pu notamment valider la pertinence de sa technologie et constater qu’il n’y avait pas d’équivalent techniquement parlant sur le marché. « Il s’agit du seul robot à l’échelle mondiale capable de travailler de façon autonome, ceux qui existent aujourd’hui sont portés par le courant ou filoguidés, poursuit-il. Nous avons développé un programme embarqué qui gère les distances parcourues, les données, les fréquences de collecte de ces dernières ainsi que les risques inhérents à un trajet à l’intérieur d’une canalisation. A terme, on pourra parler de système d’intelligence embarquée qui permettra à la machine, une fois le défaut identifié, de s’arrêter et de prendre les mesures supplémentaires liées au type de défaut, tout cela avec une excellente qualité de la donnée collectée, que ce soit de l’image, de la fréquence acoustique, etc. »
Une solution unique sur une machine intelligente
Le robot embarque un certain nombre de capteurs afin de collecter toutes les données et mesures qui vont concerner l’état de la canalisation, mais aussi, si besoin, permettre la cartographie des réseaux. « D’autres capteurs pour d’autres types de données pourront aussi venir mesurer d’autres paramètres notamment dans le cadre du contrôle de la qualité de l’eau, les possibilités sont nombreuses », pointe encore le dirigeant. Déjà suivie de près par plusieurs grandes agglomérations, la nouvelle technologie Acwa Robotics devrait se déployer rapidement auprès des services de l’eau, bureaux d’études et autres acteurs privés, en France mais aussi à l’international, dès sa commercialisation prévue fin 2024.