Au sein des techniques sans tranchée représentées par la FSTT, celle du forage dirigé avait besoin d’une représentativité individuelle pour s’affirmer davantage sur les marchés. En relançant une nouvelle fois un syndicat des entreprises de forage dirigé, Sylvain Gendry, son vice-président, remet sur les rails le porte-voix d’un métier en mal de reconnaissance. Membre actif au sein de la FSTT, et dirigeant du groupe éponyme, il espère porter haut et fort le savoir-faire des adhérents du Synfodi.
Le constat est sans appel. Après près de deux décennies de montée en compétence et en technicité, le forage dirigé souffre d’un manque de représentativité. « La période Covid a été pour nous l’occasion de rediscuter avec les maîtres d’ouvrages, sur les prix notamment, mais aussi, les conditions d’intervention, débute Sylvain Gendry, représentant du nouveau syndicat des entreprises de forage dirigé. Nous avons eu un retour sur notre profession plutôt déconcertant, puisque selon eux, le métier du forage dirigé n’existe pas, puisque pas représenté ». Malgré les efforts de communication et de promotion via les syndicats comme la FSTT ou la FNTP, sans syndicat professionnel propre, la technique du forage dirigé n’avait au fond, pas vraiment gagner en reconnaissance au sein des TP.
« De là est né il y a plusieurs mois le Synfodi avec plusieurs objectifs, reprend le vice -président de l’institution. La qualification du personnel, la représentativité de notre métier par rapport aux maitres d’ouvrages, la représentativité de notre métier par rapport à nos fournisseurs. Et plus globalement, définir une filière professionnelle ».
Jouer collectif : nouveau virage pour la spécialité
L’idée d’un syndicat avait pourtant déjà été lancée il y a une vingtaine d’années, sans succès. « A cette époque, la technique n’en n’était qu’à ses prémices, elle avait besoin de progresser, de faire ses preuves ». L’action aujourd’hui du Synfody et de ses 10 adhérents s’appuie désormais sur l’adage « ensemble on est plus forts » et espère rassembler une vingtaine d’adhérents. « Nous rencontrons, via la FSTT, et la section travaux neufs, les maitres d’ouvrages, les entreprises et fournisseurs de machines, avec la volonté de travailler collectivement et d’élever la profession plus haut en compétences, c’est indispensable », poursuit-il.
La difficulté : se faire connaître
Cette difficulté à se faire connaitre, elle est aussi inhérente à l’ensemble des techniques sans tranchée. Alors que Sylvain Gendry résume les avantages de cette solution alternative aux chantiers ouverts de pose de canalisations, il pointe également les obstacles et prochains défis. « Lorsque vous faites du forage dirigé, vous n’ouvrez pas la route, vous n’avez pas de matériaux à évacuer, pas de goudron à mettre en place, pas de béton… le bilan carbone de notre activité est sans conteste plus faible que les travaux classiques. Pourquoi, alors qu’aujourd’hui la réglementation européenne impose aux marchés publics la maîtrise de l’impact environnemental, pourquoi notre ratio/carbone ne pèse pas ? C’est aussi l’un de nos objectifs, travailler en faveur de la mise en place d’un seul référentiel commun à tous, pour une concurrence plus juste, ce qui devrait nous aider », estime le président. Car au quotidien, les entreprises de forage dirigé se retrouvent face aux majors du TP et peinent à pouvoir s’imposer pour répondre aux marchés.
« Les techniques sans tranchée, c’est le monde de demain ! »
Même s’il a développé plusieurs compétences à travers ses filiales, du bureau d’études intégré, à la détection et repérage des réseaux enterrés, le groupe Gendry veut rester expert dans son domaine, le forage dirigé. « Pour nous, c’est 40 % de marchés en direct, les 60 % restant, c’est en sous-traitance. Un bon équilibre et une certaine sérénité pour nous, rappelle le dirigeant qui gère les contrats avec les majors. Pour autant, il apparaît indispensable pour lui de ne pas être juge et parti lors de la consultation. « Notre conseil : passer d’abord par une étape de consultation auprès d’un bureau d’études spécialisé en sans tranchée, notre rôle n’étant pas de définir la technologie », insiste-il. De la bonne préconisation des travaux des bureaux d’études dépendra ainsi la réussite du forage, « c’est ce qui fera aussi monter la qualité dans nos métiers ».
Des compétences recherchées
Dans ce schéma, les petites entreprises de forage dirigé sont à la peine pour décrocher des contrats sur ces marchés, alors même qu’elles disposent des compétences techniques les plus pointues ou les plus adaptées pour certains travaux spécifiques. Alors comment sortir la tête de l’eau lorsqu’on nage dans ces grands fonds ? « Les majors aujourd’hui n’ont pas intérêt à pousser les PME, ils ont plutôt intérêt à les racheter et étoffer leurs propres compétences en interne, c’est logique, explique Sylvain Gendry avant de faire valoir un autre atout. Nous avons un avantage dans notre métier, une grande partie de nos résultats est liée aux compétences de notre personnel. Si vous n’avez pas le personnel, vous n’existez pas », lance-t-il tout en tempérant. « Mais attention, aujourd’hui, il faut travailler avec ces majors et non pas contre eux ».